Il faut savoir quitter la table

IMG_9267__HR

Si, tout comme moi, sel et vinaigre est votre saveur de chips préférée, vous saurez tout de suite de quoi je parle : tu vas t’acheter un gros sac au dépanneur, tu te vautres dans le sofa et tu te mets à piger dedans, en regardant un film ou un match de football. Rendu aux trois-quarts du sac, tu ne sens plus ta bouche, tu as pratiquement des lambeaux de chair qui se détachent de l’intérieur de tes joues, mais tu continues à piger tout de même : scrounch, scrounch, la main dans le sac, scrounch, scrounch, pas capable d’arrêter. C’est trop bon, même si c’est pu pantoute le fun à manger.

Après dix jours à me faire bombarder de mots lors de spectacles littéraires, de prestations musicales, de lectures de poésie, de conférences et d’événements de toutes sortes; après dix trop courtes nuits, après dix billets qui prennent du temps à écrire, après un nombre appréciable de bières de toutes les couleurs, je me sens comme si j’étais rendu au fond de mon gros sac de chips au vinaigre : je suis à boutte, mais je veux que ça continue pareil !

Mais, bon, il faut se résigner : le FIL s’est fini hier. Et il reste encore 354 jours avant la prochaine édition.

Soupir.

Baboune.

IMG_9413__HR

Hier soir, au Quat’Sous, puisqu’il faut savoir quitter la table en beauté, j’ai eu droit à QUATRE heures de lecture ininterrompue, tour à tour défilant sur scène Émilie BibeauDany BoudreaultSophie DesmaraisThomas HellmanSoleil LaunièrePascale MontpetitStanley Péan et Michel Vézina. Le concept Notre Bibliothèque de Christian Lapointe est d’une redoutable efficacité : sur scène, un band qui improvise des pièces ou atmosphères musicales pour soutenir les lectures, plus une grosse pile de livres dans laquelle pigent les lecteurs, qui ont ensuite carte blanche quant à la façon d’utiliser le texte choisi : ils peuvent lire une page au hasard, lire à partir du début, lire uniquement les première et dernière pages, etc. Dany Boudreault a lu quelques pages d’un bouquin en changeant tous les genres des mots, exercice très difficile s’il en est un (vous essaierez, à voix haute); certains ont lu leur texte rapidement ou très fort, d’autres ont chanté ou joué de l’harmonica. En un mot, Notre Bibliothèque offre aux lecteurs un espace de liberté quasi totale. Avec quelques contraintes, certes, mais comme l’écrivait André Gide dans Nouveaux Prétextes, en 1911 : « L’art est toujours le résultat d’une contrainte. Croire qu’il s’élève d’autant plus haut qu’il est plus libre, c’est croire que ce qui retient le cerf-volant pour monter, c’est sa corde. C’est sur de la résistance, de même, que l’art doit pouvoir s’appuyer pour monter. Le grand artiste est celui qu’exalte la gêne, à qui l’obstacle sert de tremplin. »

Après cette véritable orgie de mots et de musique avait lieu, dans le lobby du théâtre, un chouette party d’huîtres où était conviée toute l’équipe du FIL. Je suis allé chercher deux sacs de glace au dépanneur, pour y déposer les huîtres, et j’en ai profité pour m’acheter un (petit) sac de chips sel et vinaigre Miss Vicky’s, pour m’ouvrir l’appétit.

On a trinqué, épuisés mais heureux. On s’est remémoré en riant les bons moments du festival 2018 et on a aussi évoqué l’édition de l’an prochain, qui sera la vingt-cinquième. En fait, on a passé plusieurs minutes à se pitcher des idées de spectacle qu’on aimerait voir !

Et je me suis, une dernière fois, couché beaucoup trop tard.

On se retrouve, j’espère, pour la vingt-cinquième édition du FIL, qui aura lieu du 25 septembre au 4 octobre 2019. Merci de m’avoir lu.

 

 

Crédit photo : Marie-Andrée Lemire et François Couture

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *