Fabulation théâtrale autour de la mythique poète américaine Emily Dickinson, Émilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone est un hommage à la présence dans l’instant, une ode aux infinis possibles du langage. Inspirée par la poésie de celle qui fit sa réputation sur la réclusion et l’excentricité, la pièce entre dans l’imaginaire de Dickinson plutôt qu’elle ne la raconte. Au chevet de sa mère mourante, Émilie dialogue avec sa sœur, imaginée par l’auteur sous le prénom d’Uranie, en digne muse de la musique.
Dans une langue riche et vivante, Garneau épouse les vertiges de la poésie de Dickinson, traduit son monde avec ses propres illuminations, mais expose aussi sa vision de la musique, dans une méditation inspirée par le pouvoir des notes. Le mystère comme le divin, la mort, l’immortalité, les superstitions et autres refuges humains sont disséqués avec profondeur et légèreté, rappelant le don de la poète pour traiter de l’univers en évoquant sa chambre et son jardin. Ses éblouissements, pris pour de la folie, nous deviennent proches car « l’infini est familier à tous dans l’intimité ».
Créé en 1981 au Café de la Place, joué ensuite à Espace Go en 1991, après avoir été joué à Bruxelles, Berlin, Avignon et Genève, ce texte est souvent considéré comme une des œuvres les plus fortes de l’immense écrivain qu’est Michel Garneau, dont l’œuvre complète est en cours de publication chez Somme toute.