DÉJÀ 25 ANS…

C’est à la Maison des écrivains qu’au printemps 1994 est née l’idée de créer une « fête de la parole ». L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), présidée par le regretté Bruno Roy, avait alors décidé que la littérature devait avoir son grand festival tout comme l’avaient les autres disciplines artistiques.

Quelques mois plus tard, en septembre, se tenait le premier Festival de littérature et, comme l’a alors souligné un journaliste, « pour l’occasion, la littérature se danse, s’expose, se discute, se musicalise, se lit, s’anime dans le métro, s’internationalise et se multiculturalise ». Le temps a passé depuis cet automne 1994. Le Festival de la littérature, successivement appelé Festival de la littérature mondiale, Mondial de la littérature, porte désormais le nom de Festival international de la littérature, soit le FIL. En 2004, dix ans après sa fondation, le FIL est devenu autonome de l’UNEQ mais est toujours resté fidèle au rêve de ses fondateurs, et une de mes plus grandes fiertés est d’avoir hérité d’un événement créé par des écrivains.

Je l’ai dit à maintes reprises, si je ne suis pas écrivaine, je me considère toutefois comme une femme de lettres qui ne peut concevoir sa vie sans les livres, sans la lecture. Comme l’a si bien dit Alberto Manguel « c’est dans les livres que je trouve ma propre histoire ». Et puis, tout comme l’a écrit Sylvia Plath, « ce que je redoute le plus, je crois c’est la mort de l’imagination. Quand le ciel, dehors, se contente d’être rose, et les toits des maisons noires : cet esprit photographique qui, paradoxalement, dit la vérité vaine sur le monde ». Je crois aussi, tout comme l’écrivaine russe Ludmila Oulitskaïa, que « la littérature est la seule chose qui aide l’homme à survivre et à se réconcilier avec son temps ».

Cette passion pour la littérature, j’ai toujours cherché à la partager avec le plus grand nombre de personnes. Je suis donc très heureuse que notre grande fête des mots ait permis depuis 1994 à quelque 300 000 festivaliers littéraires de redécouvrir des auteurs connus, d’en découvrir de nouveaux, et ce, grâce aux quelque 5 000 écrivains et artistes de toutes disciplines, de toutes générations et de tous horizons, qui ont participé à plus de 1000 manifestations.

Lors de notre 25e édition, on retrouvera certains des écrivains et des artistes qui ont marqué notre histoire. Je pense, entre autres, à Marie Chouinard, Martin Faucher, Louise Bédard, Joséphine Bacon, Laure Morali, Stanley Péan ou encore Christian Lapointe. Mais aussi à nos ami.e.s des Éditions de l’Écrou et de Poètes de brousse qui fêteront aussi, cette année, les anniversaires de leur fondation lors de spectacles mémorables. Nous nous souviendrons d’un autre anniversaire plus triste, celui du décès de Nelly Arcan disparue lors de la soirée d’ouverture du FIL 2009. Et nos 25 ans seront soulignés dans 25 librairies du Québec par nos fidèles amis de l’ALQ.

Pendant dix jours, ce sont quelque 200 écrivains et artistes de toutes disciplines, d’ici et d’ailleurs, qui mettront tout leur talent, leur intelligence et leur sensibilité au service de la littérature. Je sais déjà qu’ils vous feront vivre de grands moments de grâce, d’émotion et de folie. Je souhaite que cette vingt-cinquième édition du FIL soit pour vous l’occasion de découvertes et de redécouvertes littéraires, qu’elle vous donne envie de lire un peu plus, toujours beaucoup et aussi passionnément que tous ces « fous de littérature » que vous croiserez au cours de cette fête des mots.

Je vous souhaite un excellent festival ainsi que de très belles lectures,

Michelle Corbeil
Directrice générale et artistique

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25ans